TRIBUNE. « Après la guerre, la peur ». Par Hamid Enayat

L’Ayatollah Ali Khamenei. Iranian Supreme leader’s Website

Hesamoddin Ashena, ancien directeur du Centre des études stratégiques et conseiller du président iranien, a réagi à l’annonce du cessez-le-feu en déclarant : « La guerre n’est pas terminée. Nous sommes au point le plus difficile du conflit ». Pour lui, la victoire ou la défaite se résume à la résilience sociale — c’est-à-dire à la capacité du régime à empêcher un nouveau soulèvement populaire à l’échelle nationale.

Mobilisation sécuritaire post-cessez-le-feu : la chasse aux ennemis

Après les douze jours de guerre et les affirmations infondées du guide suprême Ali Khamenei selon lesquelles l’Iran aurait infligé de lourdes pertes à Israël et aux États-Unis, des points de contrôle ont rapidement été installés à Téhéran et dans de nombreuses autres villes, sous prétexte d’arrêter les « agents ennemis (israéliens) ».

Une mémoire ravivée : retour au spectre de 1981

Javad Mogouei, documentariste proche des services de renseignement du régime, a déclaré : « Nous sommes dans une situation similaire à celle de l’année 1981, qui selon moi fut la pire de l’histoire de la révolution. Le 20 juin 1981, les Moudjahidines ont annoncé la lutte armée, sont descendus dans la rue, et même le directeur de la prison d’Evin n’y était plus en sécurité. Cent mille membres armés de l’organisation sont sortis dans les rues ».  Il décrit la situation actuelle du régime comme instable et identifie clairement, dans une interview, l’organisation des Moudjahidines du Peuple d’Iran comme l’ennemi principal du régime et l’épine dorsale de la Résistance.

Transferts de prisonniers et symbolisme de la prison d’Evine

Pris de panique, le régime a transféré certains prisonniers politiques depuis des sections endommagées des prisons — notamment celles qui hébergeaient des détenus politiques — vers d’autres établissements, craignant leur fuite ou leur libération. La prison d’Evine, en Iran, est devenue un symbole de la répression contre la résistance et le mouvement en quête de liberté, comparable à la Bastille dans l’histoire française.

Exécutions massives : un outil de terreur institutionnalisée

Le rythme des exécutions s’est accéléré. Selon les rapports reçus de l’intérieur du pays, 140 exécutions ont été enregistrées rien qu’au mois de juin. Parmi les exécutés figuraient cinq femmes.
Entre le 15 et le 24 juin, six prisonniers ont été exécutés pour espionnage. Le mercredi 24 juin, trois détenus ont été pendus dans la prison d’Oroumieh pour « espionnage au profit d’Israël ». Ces trois individus, des porteurs transfrontaliers (kolbars), avaient été arrêtées en juillet 2023 et condamnées à mort pour avoir prétendument transporté du matériel lié à l’assassinat de Mohsen Fakhrizadeh, connu comme père du programme nucléaire militaire du régime.
Dans le cadre de cette série d’exécutions opaques, Mohammad Amin Mahdavi Shayesteh a été exécuté à la prison de Ghezel Hesar le 22 juin, Majid Masibi à la prison de Dastgerd à Ispahan le 21 juin, et Esmaeil Fekri à nouveau à Ghezel Hesar le 15 juin — des exécutions sans transparence, destinées à semer la peur.

Vague d’arrestations dans tout le pays : la peur d’un soulèvement

Parallèlement, une vague d’arrestations massives continue dans diverses villes. L’agence Fars, affiliée aux Gardiens de la Révolution, a annoncé l’arrestation de 700 personnes dans le cadre d’un prétendu « réseau d’espionnage », ajoutant que les chiffres précis pour la province de Téhéran ne sont pas encore disponibles. Le parquet de la province de Kermanshah a indiqué que 115 personnes avaient été arrêtées, dont seule une minorité pour espionnage, les autres étant accusées de propagande contre le régime. De même, le commandant adjoint des forces de sécurité de la province de Fars a annoncé l’arrestation de 53 personnes pour « trouble à l’ordre public », tandis que la police cybernétique de la province d’Ispahan a déclaré avoir identifié 60 individus accusés du même délit.

La vraie bataille : entre le peuple et la dictature religieuse

Tous ces éléments confirment que le véritable affrontement ne se joue pas aux frontières, mais au cœur même de l’Iran, par le peuple iranien et sa résistance organisée qui luttent pour mettre fin à la dictature religieuse et instaurer la liberté et la démocratie en Iran. La solution définitive et profonde ne réside ni dans la répression ni dans la complaisance, mais dans le renversement du régime par le peuple et sa résistance organisée.

© Hamid Enayat

Politologue, Hamid Enayat collabore avec l’opposition démocratique iranienne (CNRI)

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